lun. 20 janv. 2025
Le blog de Bernard Keppenne : « Tout le Monde retient son souffle »
Un dollar ferme, des marchés boursiers américains qui ont très bien performé en 2024, une inflation en net recul, un marché de l’emploi solide, et une production industrielle en hausse de 0,9 % en décembre, voilà le bilan de Biden.
Attentisme
Mais c’est évidemment déjà du passé, et les marchés attendent maintenant les premières annonces de Trump et les premiers décrets qu’il va s’empresser de signer dans une grande mise en scène qui le caractérise.
Par contre, le fait de voir le dollar se renforcer n’est sans doute pas terminé et deux devises sont particulièrement sous pression pour le moment, le dollar canadien et le peso mexicain, ces deux pays étant menacés d’une taxe douanière de 25 %. Le dollar canadien est à son plus bas niveau depuis cinq ans, et le peso depuis deux ans et demi.
Ce qui sera scruté avec beaucoup d’attention seront les relations avec la Chine et de voir si Trump va réellement imposer des droits de douane de 60%. Les Chinois retiennent leur souffle avec un yuan un peu moins sous pression après les chiffres de vendredi.
Les taux obligataires se sont calmés, mais demeurent fermes dans l’attente aussi des annonces de Trump et alors que la FED s’apprête à se mettre en mode pause lors de sa réunion la semaine prochaine.
Yen en hausse
Le yen se démarque, en effet, en étant en hausse par rapport au dollar dans l’attente de la réunion de la BOJ fin de semaine, qui devrait voir cette dernière relever ses taux.
Sauf très forte volatilité ou tension sur les marchés en cas d’annonces de Trump, la BOJ semble bien décidée à augmenter son taux de 0,25 % pour le porter à 0,50 %, soit son niveau le plus élevé depuis 17 ans.
Après le choc de la hausse des taux en juillet, le gouverneur de la BOJ a préparé les marchés à cette hausse, ce qui ne devrait plus avoir d’impacts négatifs cette fois-ci.
Comme lors de cette réunion, la BOJ devrait relever ses prévisions d’inflation, la hausse des taux ne s’arrêtera pas là, et le marché sera très attentif aux commentaires de Ueda.
La tâche de Ueda sera délicate, car il va devoir préparer l’économie japonaise à une hausse des taux dans un contexte qui sera inéluctablement marqué par des tensions commerciales alors que le Japon est tourné vers l’exportation.
Et il devra éviter de laisser paraître la moindre ambiguïté qui entrainerait un nouvel affaiblissement du yen qui provoquerait une hausse de l’inflation importée.
Débat au sein de la BCE
Quelle sera l’ampleur de la baisse des taux de la part de la BCE cette année ? Le débat n’est pas uniquement dans les marchés, mais au sein même de l’institution.
Isabel Schnabel, membre du Conseil des gouverneurs, et relativement influente en son sein, a exprimé publiquement son point de vue.
Elle a d’abord reconnu que « nous sommes sur la bonne voie et nous prévoyons de revenir à notre objectif d’inflation de 2 % cette année. Si c’est le cas, nous pourrons probablement réduire davantage les taux d’intérêt ».
Pour autant, elle ne veut pas aller trop vite et elle a rajouté, « toutefois, après les fortes baisses de taux d’intérêt de ces derniers mois, nous nous rapprochons de plus en plus du moment où nous devrons examiner de plus près si et dans quelle mesure nous pouvons encore réduire les taux d’intérêt ».
Tout en reconnaissant que l’incertitude liée aux barrières commerciales américaines freinait la consommation et l’investissement en Europe tout en maintenant la croissance économique à un niveau faible.
Ses propos interviennent après ceux du président de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui allait exactement dans le même sens, ce dernier estimant que « nous ne devrions donc pas nous précipiter sur le chemin de la normalisation de la politique monétaire ».
Parce que l’inflation des services demeure encore élevée et que le niveau d’incertitude est élevé.
Ces propos reflètent bien le contexte compliqué dans lequel se situe la BCE, et si une baisse des taux aura bien lieu la semaine prochaine, de 0.25%, le débat sera très certainement intense.
Prévisions du FMI
Nagel, faisait peut-être référence au titre des dernières prévisions du FMI en parlant d’incertitude, à savoir « une croissance mondiale hétérogène et incertaine ».
Si le FMI a laissé le chiffre de 3,3 % pour la croissance mondiale en 2025 inchangé, par contre, il a procédé à des révisions à la hausse et à la baisse qui se sont compensées.
Révision à la hausse pour la croissance aux États-Unis, avec un taux de 2,7 % contre 2,2 % précédemment, compte tenu des « effets de report de 2024, ainsi que la vigueur des marchés du travail et l’accélération des investissements, entre autres ».
Révision à la baisse pour la zone euro à 1 % contre 1,2 % précédemment, suite à « l’activité moins dynamique que prévu à la fin de l’année 2024, dans l’industrie manufacturière en particulier, ainsi que l’accentuation de l’incertitude entourant le paysage politique et l’action des pouvoirs publics ». Avec des révisions à la baisse pour l’Allemagne à 0,3 % (-0,5 % par rapport à la précédente prévision) et pour la France à 0,8 % (-0,3 %).
Pour la Chine, le FMI estime la croissance à 4,6 % contre 4,5 % précédemment, et pour l’Inde il la laisse inchangée à 6,5 %.
Mais le FMI se montre prudent comme le souligne Pierre-Olivier Gourinchas , son directeur économique, dans son blog qui résume ces prévisions « la divergence des trajectoires de croissance persiste et pourrait s’accentuer, tandis que des réorientations stratégiques pourraient raviver les tensions inflationnistes dans certains pays ».
Un dollar ferme, des marchés boursiers américains qui ont très bien performé en 2024, une inflation en net recul, un marché de l’emploi solide, et une production industrielle en hausse de 0.9% en décembre, voilà le bilan de Biden.
Attentisme
Mais c’est évidemment déjà du passé, et les marchés attendent maintenant les premières annonces de Trump et les premiers décrets qu’il va s’empresser de signer dans une grande mise en scène qui le caractérise.
Par contre, le fait de voir le dollar se renforcer n’est sans doute pas terminé et deux devises sont particulièrement sous pression pour le moment, le dollar canadien et le peso mexicain, ces deux pays étant menacés d’une taxe douanière de 25%. Le dollar canadien est à son plus bas niveau depuis cinq ans, et le peso depuis deux ans et demi.
Ce qui sera scruté avec beaucoup d’attention seront les relations avec la Chine et de voir si Trump va réellement imposer des droits de douane de 60%. Les Chinois retiennent leur souffle avec un yuan un peu moins sous pression après les chiffres de vendredi.
Les taux obligataires se sont calmés, mais demeurent fermes dans l’attente aussi des annonces de Trump et alors que la FED s’apprête à se mettre en mode pause lors de sa réunion la semaine prochaine.
Yen en hausse
Le yen se démarque, en effet, en étant en hausse par rapport au dollar dans l’attente de la réunion de la BOJ fin de semaine, qui devrait voir cette dernière relever ses taux.
Sauf très forte volatilité ou tension sur les marchés en cas d’annonces de Trump, la BOJ semble bien décidée à augmenter son taux de 0.25% pour le porter à 0.50%, soit son niveau le plus élevé depuis 17 ans.
Après le choc de la hausse des taux en juillet, le gouverneur de la BOJ a préparé les marchés à cette hausse, ce qui ne devrait plus avoir d’impacts négatifs cette fois-ci.
Comme lors de cette réunion, la BOJ devrait relever ses prévisions d’inflation, la hausse des taux ne s’arrêtera pas là, et le marché sera très attentif aux commentaires de Ueda.
La tâche de Ueda sera délicate, car il va devoir préparer l’économie japonaise à une hausse des taux dans un contexte qui sera inéluctablement marqué par des tensions commerciales alors que le Japon est tourné vers l’exportation.
Et il devra éviter de laisser paraître la moindre ambiguïté qui entrainerait un nouvel affaiblissement du yen qui provoquerait une hausse de l’inflation importée.
Débat au sein de la BCE
Quelle sera l’ampleur de la baisse des taux de la part de la BCE cette année ? Le débat n’est pas uniquement dans les marchés, mais au sein même de l’institution.
Isabel Schnabel, membre du Conseil des gouverneurs, et relativement influente en son sein, a exprimé publiquement son point de vue.
Elle a d’abord reconnu que « nous sommes sur la bonne voie et nous prévoyons de revenir à notre objectif d’inflation de 2% cette année. Si c’est le cas, nous pourrons probablement réduire davantage les taux d’intérêt ».
Pour autant, elle ne veut pas aller trop vite et elle a rajouté, « toutefois, après les fortes baisses de taux d’intérêt de ces derniers mois, nous nous rapprochons de plus en plus du moment où nous devrons examiner de plus près si et dans quelle mesure nous pouvons encore réduire les taux d’intérêt ».
Tout en reconnaissant que l’incertitude liée aux barrières commerciales américaines freinait la consommation et l’investissement en Europe tout en maintenant la croissance économique à un niveau faible.
Ses propos interviennent après ceux du président de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui allait exactement dans le même sens, ce dernier estimant que « nous ne devrions donc pas nous précipiter sur le chemin de la normalisation de la politique monétaire ».
Parce que l’inflation des services demeure encore élevée et que le niveau d’incertitude est élevé.
Ces propos reflètent bien le contexte compliqué dans lequel se situe la BCE, et si une baisse des taux aura bien lieu la semaine prochaine, de 0.25%, le débat sera très certainement intense.
Prévisions du FMI
Nagel, faisait peut-être référence au titre des dernières prévisions du FMI en parlant d’incertitude, à savoir « une croissance mondiale hétérogène et incertaine ».
Si le FMI a laissé le chiffre de 3.3% pour la croissance mondiale en 2025 inchangé, par contre, il a procédé à des révisions à la hausse et à la baisse qui se sont compensées.
Révision à la hausse pour la croissance aux Etats-Unis, avec un taux de 2.7% contre 2.2% précédemment, compte tenu des « effets de report de 2024, ainsi que la vigueur des marchés du travail et l’accélération des investissements, entre autres ».
Révision à la baisse pour la zone euro à 1% contre 1.2% précédemment, suite à « l’activité moins dynamique que prévu à la fin de l’année 2024, dans l’industrie manufacturière en particulier, ainsi que l’accentuation de l’incertitude entourant le paysage politique et l’action des pouvoirs publics ». Avec des révisions à la baisse pour l’Allemagne à 0.3% (-0.5% par rapport à la précédente prévision) et pour la France à 0.8% (-0.3%).
Pour la Chine, le FMI estime la croissance à 4.6% contre 4.5% précédemment, et pour l’Inde il la laisse inchangée à 6.5%.
Mais le FMI se montre prudent comme le souligne Pierre-Olivier Gourinchas , son directeur économique, dans son blog qui résume ces prévisions « la divergence des trajectoires de croissance persiste et pourrait s’accentuer, tandis que des réorientations stratégiques pourraient raviver les tensions inflationnistes dans certains pays ».
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances