jeu. 14 nov. 2024
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Dans le top 10 aujourd'hui : DEME, ASML, Aedifica, KBC, DSM-Firmenich, argen-x, Melexis, D'Ieteren, Agfa-Gevaert, Ageas.
Publication : le 14 novembre 2024 à 9h29
La présente communication n’a pas été établie conformément aux dispositions relatives à la promotion de la recherche indépendante en investissement et n’est pas soumise à l’interdiction de négoce avant la diffusion de la recherche.
Le risque inflationniste revient en force aux États-Unis, ce qui continue de tirer le dollar vers le haut ainsi que les rendements obligataires, ce qui pourrait fondamentalement changer l’attitude de la FED l’année prochaine.
Risque inflationniste
Revenons d’abord sur les chiffres d’inflation qui ont été publiés hier aux États-Unis.
Première leçon, en dehors de toute spéculation sur l’impact du programme de Trump, l’inflation a légèrement augmenté, ce qui pourrait inciter la FED à adopter un peu plus de prudence dans son assouplissement monétaire.
L’inflation a progressé de 0,2 % d’un mois à l’autre, avec en particulier une hausse du coût du logement qui a représenté plus de la moitié de l’augmentation de l’indice mensuel. Soit sur un an, le taux est passé de 2,4 % en septembre à 2,6 % en octobre, comme attendu.
Si on regarde l’inflation sous-jacente, la hausse mensuelle a été de 0,3 %, soit un taux annuel qui est resté inchangé à 3,3 %.
Ces chiffres ont renforcé le sentiment que l’année prochaine la FED allait ralentir ses baisses de taux, car l’inflation demeure plus prégnante que prévu avec un marché de l’emploi qui demeure solide.
Mais le programme de Trump pourrait encore plus inciter la FED à ralentir ses baisses de taux, car ce dernier est clairement inflationniste, comme je l’ai évoqué dans Tracker Talk de l’Echo publié ce matin.
Ce qui explique que le rendement du Treasury 10 ans continue de tirer vers le haut, avec comme conséquence un dollar qui s’est encore renforcé par rapport à l’euro, passant même sous les 1,06, mais également par rapport au yen.
Ce qui explique aussi la prudence que commencent à adopter certains membres de la FED sur la suite des événements. C’est le cas, d’Alberto Musalem, président de la FED de Saint-Louis, qui a déclaré que « le risque que l’inflation cesse de converger vers les 2 %, ou qu’elle augmente, s’est accru ».
La présidente de la FED de Dallas, Lorie Logan, a adopté un ton similaire en déclarant « je prévois que le FOMC devra très probablement procéder à d’autres baisses de taux pour achever le processus de convergence de l’inflation vers l’objectif de la FED. Mais, il est préférable de procéder avec prudence », car « si nous réduisons trop les taux, au-delà de la neutralité, l’inflation pourrait réaccélérer et le FOMC pourrait avoir besoin d’inverser la direction ».
Et elle a été suivie par le président de la FED de Kansas City, Jeffrey Schmid, qui a déclaré « il reste à voir dans quelle mesure les taux d’intérêt continueront à baisser et où ils pourraient finalement s’établir ».
Lorie Logan a laissé entendre, lors de son intervention, que le taux neutre pourrait être plus élevé qu’estimé jusqu’à présent, ce qui réduit de facto le nombre de baisses de taux.
Et décidemment très prolixe, le président de la FED de Minneapolis, Neel Kashkari, a aussi laissé entendre que le taux neutre avait peut-être augmenté, ce qui suggère que la FED n’aura pas besoin de réduire ses taux autant qu’elle l’aurait fait autrement.
Trump ayant les coudées franches, puisque les républicains conservent la majorité à la Chambre des représentants, il pourra sans opposition imposer ses mesures, ce qui pourrait vite relancer les anticipations inflationnistes et dès lors freiner la FED dans son assouplissement.
Même inquiétude en Grande-Bretagne
En tout cas dans le chef de Catherine Mann, responsable de la fixation des taux d’intérêt de la BoE, la seule d’ailleurs à s’être opposée à la baisse des taux la semaine passée.
Elle constate que « nous avons une tendance à la hausse de l’inflation (…) qui tend à permettre à l’inflation de s’ancrer, et dans cet environnement, il est important de maintenir (les taux d’intérêt) plus longtemps ».
Et de poursuivre, ce n’est que « lorsque j’aurai la preuve que la persistance de l’inflation a disparu ou s’est modérée – une modération suffisante de la persistance de l’inflation – alors j’irai plus loin ».
Sans le citer, elle met en garde sur les effets de la politique attendue de Trump en rajoutant, « il est possible que les prix à l’exportation de la Chine, par exemple, exercent une pression à la baisse sur l’inflation. Mais contre cela, une nouvelle qui est orientée à la baisse, le reste est orienté à la hausse et risque d’être plus volatile à moyen terme ».
Sa prudence s’explique aussi suite aux annonces du nouveau gouvernement, dont certaines mesures pourraient entrainer une hausse de l’inflation. Pour rappel, pour la BoE, l’inflation passerait de 1,7 % en septembre à 2,5 % d’ici la fin de l’année et elle ne reviendrait pas à son objectif de 2 % avant le milieu de l’année 2027.
Ce qui explique pourquoi le scénario de baisse de taux de sa part a été revu, avec moins de baisses en 2025 qu’initialement attendu, et ce qui explique aussi pourquoi le rendement de l’obligation à 2 ans est orienté à la hausse.
Ben tiens !
Mann n’est pas la seule à s’inquiéter de l’impact des conséquences du programme de Trump.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’inquiète aussi en déclarant, « le programme risque de ramener l’inflation aux États-Unis ». Et « il risque de faire baisser un peu la croissance, partout dans le monde. Reste à savoir si cette baisse sera plus ressentie aux États-Unis, en Chine ou en Europe ».
Pour conclure, « le protectionnisme est presque toujours synonyme de réduction du pouvoir d’achat des consommateurs ».
Joachim Nagel, le président de la Bundesbank, a été plus explicite estimant que les nouveaux tarifs douaniers prévus par le président Trump pourraient coûter à l’Allemagne 1 % de sa production économique s’ils entrent en vigueur. Et de rajouter « si les nouveaux tarifs douaniers se concrétisent, nous pourrions même passer en territoire négatif ».
Et comme si cela ne suffisait pas
Cette donnée est passée au second plan la semaine passée, mais elle résonne particulièrement dans cette réflexion sur le risque inflationniste, l’indice de la FAO des prix des produits alimentaires a encore progressé en octobre, et se situe à son plus haut niveau depuis avril 2023.
En cause, une hausse des prix des céréales, en particulier celui du blé en « raison des inquiétudes liées aux mauvaises conditions météorologiques qui concernent les semis pour les cultures d’hiver dans plusieurs grandes régions exportatrices de l’hémisphère nord, notamment l’Union européenne, la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique » relève le rapport de la FAO.
Même constat pour le prix du maïs, avec des difficultés de transport dans certaines régions du Brésil en raison du faible niveau des cours d’eau, et des conditions de sécheresse qui empêchent les semis en Argentine.
Les prix des produits des huiles végétales sont également en hausse, et à leur niveau le plus haut depuis 2 ans. Et ne parlons pas des prix des produits laitiers, en particulier du fromage et du beurre, dont les prix sont en hausse suite à une forte demande intérieure, des stocks limités et une faible production laitière saisonnière en Europe occidentale.
Et dans une moindre mesure, le prix du sucre a également progressé suite à des craintes quant aux perspectives de production pour 2024-2025 au Brésil, qui font suite à une période prolongée de temps sec.
Rien ne dit que ces hausses ne vont pas se répercuter rapidement dans les prix dans les commerces, alors même que la hausse des tarifs douaniers n’a pas encore eu lieu.
Demain, exceptionnellement, il n’y aura pas de publication sur le blog.
Source : Bernard Keppenne, Chief Economist - CBC Banque & Assurances